Secret beyond the door (« Le secret derrière la porte ») - F. Lang, 1947

entre en 2021 au programme limitatif de l’enseignement de spécialité Cinéma-audiovisuel (CAV) en classe terminale.

Le Secret derrière la porte (Secret Beyond The Door, 1948) de Fritz Lang entre au programme limitatif de l’enseignement de spécialité Cinéma-audiovisuel en classe terminale. Il prend place pour la session 2021-2022 aux côtés de Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda et de Ready Player One de Steven Spielberg. Le film est associé aux questionnements « Transferts et circulations culturels » et « Un cinéaste au travail ».

Pour la session 2022-2023, ce sera I Vitelloni (Les Vitelloni, 1953) de Federico Fellini qui entrera au programme limitatif, aux côtés de Ready Player One de Steven Spielberg et du Secret derrière la porte de Fritz Lang. Il sera associé aux questionnements « Périodes et courants » et « Un cinéaste au travail ».

Plus de précisions sur le BO n°26 du 1er juillet 2021.

Réalisé par Fritz Lang en 1947 et sorti en août 1948, Secret beyond the door (Le secret derrière la porte) est le douzième film de la période américaine du cinéaste exilé en Californie entre 1935 et 1956, après un passage d’un an en France où il dirige Liliom (1934).

Adaptation très libre du conte populaire Barbe bleue ou encore de Jane Eyre de Charlotte Brontë, Secret beyond the door met en scène Celia, une jeune new-yorkaise, riche, élégante, qui, lors d’un voyage au Mexique, tombe amoureuse de Mark Lamphere, architecte, qui la demande en mariage. Lors de leur lune de miel, les premiers comportements étranges de son époux commencent à étonner la jeune femme qui découvrira par la suite que, dans les étages inférieurs de sa demeure, il a reconstitué des chambres dans lesquelles de célèbres meurtres ont été commis. Seule la chambre VII n’est pas visible et personne ne sait ce qui se cache derrière sa porte…

Traduisant l’intérêt du cinéaste pour la psychanalyse et le rôle de l’inconscient, cette œuvre plastique de Fritz Lang, à la dramaturgie parfaitement construite, s’attache à la mise en scène de la subjectivité à l’écran. Aussi n’est-il pas sans dialoguer avec deux films du grand maître anglais, Rebecca et Spellbound (La maison du Docteur Edwardes), sortis respectivement en 1940 et 1945.

Quoiqu’œuvre à suspense, à l’ambiance mystérieuse et inquiétante, Secret beyond the door n’est pas pour autant à ranger au nombre des films noirs américains : il n’en est qu’à la lisière. Il appartient, en réalité, au genre du mélodrame dit « gothique de femme » : construit sur des thèmes et des motifs troublants que l’on retrouve de façon récurrente - l’innocence d’une épouse confrontée aux lubies étranges d’un mari visiblement déséquilibré -, et qui sont créateurs de tensions, parfois insoutenables, pour le spectateur. Fritz Lang, au fil du temps, de la première période allemande à la seconde en passant par la césure américaine, devenu maître du film criminel qui manipule le spectateur, a su en instaurer les codes, faire varier les approches et renouveler les formes narratives.

C’est pourquoi, pour étudier ce film avec les élèves de l’enseignement de spécialité cinéma-audiovisuel, on privilégiera deux questionnements : « transferts et circulations culturels » et « un cinéaste au travail ».

On étudiera plus particulièrement Secret beyond the door dans la perspective des questionnements suivants :

Transferts et circulations culturels Les formes, les références et les motifs issus de la culture européenne du cinéaste se confrontent aux codes du film de genre hollywoodien dans un jeu intertextuel virtuose : entre « naturalisation » et « hybridation », Lang s’approprie autant ce qui vient de sa culture d’origine que celle de son pays d’adoption, en créant une œuvre totalement singulière, relevant d’un « gothique » romantique et vénéneux.

De manière sous-jacente, le cinéaste allemand y joue une confrontation secrète avec l’autre grand cinéaste émigré aux États-Unis, Alfred Hitchcock : entre hommage, concurrence et dialogue meta, Secret beyond the door répond aux célèbres pièges narratifs et cinématographiques hitchcockiens sur les abymes du subconscient, voire les devance.

Lang n’en poursuit pas moins l’exploration profonde de ses propres obsessions morales et esthétiques, en convoquant toute sa filmographie antérieure : depuis Mabuse ou M, l’enjeu des images et des formes langiennes reste l’épreuve du Regard, entre sidération, fascination libératrice ou jugement mortifère.

Un cinéaste au travail L’analyse de la genèse et de la production du film, appuyée notamment sur des documents spécifiques (notes de travail, extraits de scenarii, plans au sol, documentaires, interviews de Lang, dans Le Dinosaure et le bébé, notamment), permet de retracer les différentes étapes de la fabrication maniaque et géniale d’un chef-d’œuvre. Entrer dans la carrière de Lang, c’est éprouver et analyser pas à pas la valeur des différents choix opérés par l’auteur pour affirmer son point de vue et assurer la cohérence de la direction artistique.

Se pose en particulier la question de la maîtrise d’ouvrage d’un cinéaste exilé au sein de la machine à rêve hollywoodienne : il ne suffit certes pas à dire que Lang l’exerçait de manière tyrannique pour s’en débarrasser. Comment garder le contrôle ? C’est un enjeu que toute la carrière américaine de Lang s’attache à poser, à travers ses succès, ses ratés et ses stratégies.

Voir en ligne : BO n°26 du 1er juillet 2021

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