image : Vue intérieure de la mosquée de Cordoue, gravure de Villemin, 1839 - source : Gallica-BnF
La pensée d’Averroés, traduite en latin entre 1220 et 1235, suscite le débat en Europe puisque Thomas d’Aquin en écrivant De l’unité de l’intellect contre Averroès prend pour cibles ses commentaires d’Aristote. Plusieurs siècles plus tard, la presse française mentionne avec étonnement et curiosité les travaux du penseur « mahométan ». Ces articles véhiculent souvent des contre-vérités encore vivaces dans l’imaginaire que les occidentaux peuvent aujourd’hui avoir d’Averroès et plus largement de sa philosophie.
Philosophe et chercheur en histoire de la philosophie arabe à l’Inalco et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Yassir Mechelloukh, membre scientifique de la Casa de Velázquez, nous éclaire sur la façon dont les courants averroïstes et anti-averroïstes se rencontrent, s’alimentent et esquissent les contours de questionnements plus actuels.
Propos recueillis par Constance Esposito-Ferrandi
RetroNews : Au XIIe siècle, qu’en est-il de l’échange d’idées entre philosophie arabe et occidentale ?
Yassir Mechelloukh : Le XIIe siècle est le moment charnière de cet échange d’idées, c’est à cette époque qu’apparaissent les premières traductions latines des textes arabes philosophiques et médicaux. L’entreprise la plus caractéristique de cela est sans doute l’École de Traducteurs de Tolède, un groupe de savants qui s’engage, aux XIIe et XIIIe siècles, dans un ample projet de traduction de textes majeurs de la tradition judéo-arabe. C’est à cette École que l’on doit la traduction de plusieurs chefs-d’œuvre, comme le Livre de la guérison (immense somme philosophique et scientifique d’Avicenne (Ibn Sīnā 980-1037, représentant génial de la pensée arabe) ou encore son Canon de médecine, traité dont l’influence fût durable dans le cursus des études de médecine en France et en Italie. […]
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