
Quand nous posons la question à des enseignants « à quel moment pensez-vous travailler l’esprit critique dans vos programmes ? » certains nous répondent : « tous les jours » et « quand j’organise des débats sur des questions socialement vives ». Ces réponses renvoient à deux a priori : celle d’un apprentissage de l’esprit critique qui irait de soi, dont l’explicitation n’est pas prévue, et celle d’une association entre esprit critique et polémique (ou plus simplement « désaccord »). D’autres nous répondent qu’ils tentent de faire comprendre aux élèves que le « doute » (qui est associé à l’esprit critique) est intrinsèque à toute démarche scientifique mais nous disent aussi la difficulté à le rendre explicite. Il en ressort que, le plus souvent, c’est dans le statut de l’hypothèse en sciences que ce doute revient le plus régulièrement dans les séances. Et cela se retrouve très bien dans les traces écrites des élèves dont la quasi-totalité des bilans que l’on leur fait écrire reste trop souvent des bilans de connaissances où le doute initial a disparu. Depuis un récente évolution des sujets du baccalauréat (où la restitution de connaissances a évolué vers une synthèse argumentée et où l’ECE s’est enrichie d’une phase « esprit critique ») le sujet de la construction de l’esprit critique s’est invité de façon plus appuyée dans les enseignements de SVT. Pour autant, cet apprentissage ne se limite pas à la terminale : un apprentissage explicite peut s’envisager dès les plus jeunes âges. Ce dossier a pour ambition de répondre aux nombreuses questions qu’un enseignant peut se poser :
- L’esprit critique recherché est-il un « esprit DE critique » ?
- Est-ce forcément sur un sujet ancré dans des opinions fortes qu’il faille travailler l’esprit critique ?
- L’esprit critique se limite-t-il à interroger des résultats, ou à une méthode particulière ?
- Comment évaluer l’esprit critique ?
- Quels outils pédagogiques seraient des supports intéressants pour objectiver l’esprit critique ?
- Etc…
Comme nous le verrons dans la première partie de ce dossier, il n’y a pas de définition arrêtée de ce qu’est l’esprit critique, tout dépend de l’angle avec lequel on se pose la question. Pour autant, mieux vaut avoir quelques références communes si on souhaite y travailler collectivement et progressivement. Si l’esprit critique est un objectif dans la construction du citoyen, il est aussi un moyen indispensable à toute démarche d’investigation scientifique. C’est parce qu’on réussira à le rendre explicite à différentes étapes du raisonnement scientifique qu’on réussira à le construire. D’ailleurs, il s’agit bien de cela : plutôt que de recettes, il s’agit de construire un mode de raisonnement. Nous aurions préféré parler de « pensée critique scientifique » plutôt que « d’esprit critique » du fait de la rationalité recherchée et aussi pour s’écarter de tout ce qui pourrait se rapprocher de l’intuition, de la sensibilité (il ne s’agira pas ici de traiter de critique artistique) mais nous conserverons la seconde formulation par commodité d’usage.
Ce dossier de 74 pages contient de nombreuses réflexions et analyses de pratiques. Plusieurs outils sont également proposés pour aider à la construction ainsi qu’à l’évaluation de l’esprit critique en classe de SVT.
Au sommaire de ce dossier :
- Esprit critique : de quoi parle-t-on ?
- Parler d’esprit critique en sciences n’est-il pas évaluer la fiabilité d’une interprétation ?
- La place de l’esprit critique dans une démarche d’investigation scientifique
- Pas besoin de polémique pour travailler l’esprit critique
- Construire l’esprit critique pour construire des valeurs
- Evaluer l’esprit critique
- Les ratés (et les ennemis) de l’esprit critique
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