« La pratique » (Gilbert Pélissier)

LA PRATIQUE - du point de vue de l’enseignement des Arts plastiques dans le secondaire

Introduction

Qu’entend-on par « la pratique » et pourquoi aujourd’hui rappeler cette question de la pratique ?

Tout d’abord, il importe que tout enseignant sache bien, sache mieux, ce qu’est la discipline qu’il enseigne au moment où il l’enseigne. Quelle en est l’évolution générale, quelles en sont les valeurs, celles qui sont à repérer dans les discours nouveaux qui se construisent progressivement selon l’idéologie du moment. Car il est toujours souhaitable, et même nécessaire, de ne pas en rester à l’immédiateté des tâches qu’impose l’activité professionnelle, afin de pouvoir développer une posture réflexive en tentant de savoir, de savoir mieux, pourquoi on enseigne ceci ou cela et pourquoi « cela » serait paré aujourd’hui d’une plus grande valeur ? La maîtrise de l’enseignant et la force de son enseignement, qu’il a à inventer, tiennent à ce point de vue surplombant.

C’est en ce sens qu’il n’est pas vain de tenter aussi partiellement que ce soit d’apporter quelques éclairages sur une période encore proche qui a vu dans le secondaire se construire un enseignement des arts plastiques ouvert à l’« art vivant » et aux questions que pose une pratique dans un sens artistique, ce qui n’était pas le cas dans les périodes antérieures. Et cette pratique, lorsque l’on dit « la pratique », se révèle être le concept global par lequel les questions de l’art et celles de l’enseignement trouvent une nouvelle cohérence.

La pratique dont il s’agit, de type critique, est celle qui à partir de la décennie 70 s’est révélée indissociable d’une volonté artistique, en relation précisément avec les oeuvres de « l’art vivant » (selon les termes de l’époque) ainsi qu’en a été exprimée la revendication par les enseignants lors du Colloque d’Amiens en 1968 (peu avant les événements bien connus). Un travail prospectif et intense dans le secondaire a alors commencé à transformer la manière d’enseigner ainsi que les contenus qui demeuraient formels et académiques en dépit d’une certaine évolution. Mais il semblerait aujourd’hui que cette pratique qui s’inventait ait quelque peu perdu de son dynamisme et de sa force de questionnement dans un environnement général devenu moins propice. Pour autant, en serait-on revenu au sens usuel de pratique, réduisant celle-ci à une activité essentiellement concrète et formelle, d’application, illustrative ou décorative, telle qu’elle l’était auparavant, jusqu’à l’oubli ou la simple ignorance de ce qui fut une aventure fertile ?

C’est sans aucune nostalgie ni visées proprement historique et théorique que se développent les divers propos, après cette introduction, sous forme d’approches successives. Certes, ce n’est que d’un point de vue probablement discutable et d’autant qu’il émane d’un acteur impliqué dans l’aventure récente des arts plastiques mais, en dépit de ce fait, souhaitons que les propos exprimés demeurent, parmi d’autres, des éléments pour que puisse se poursuivre une réflexion collective plus ajustée.

Gilbert Pélissier

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