Les interactions lors de la rencontre avec une oeuvre (A.SCHERB)

Les interactions verbales et non verbales lors de la rencontre avec une oeuvre

Résumé

Notre étude concerne les effets professionnalisants d’un dispositif de formation au partenariat expérimenté entre l’ESPE de Bretagne et le Domaine de Kerguéhennec (Centre d’art et Parc de sculpture) pour des étudiants en master MEEF PE1. Différents modes d’approche des oeuvres sont mis à l’épreuve, centrés sur une pratique créative ou sur des échanges oraux. Le cadre trilogique d’analyse de dispositif de formation de Brigitte Albero (2010, 47-59) permet d’observer les dispositifs proposés et met en lumière le fonctionnel de référence (dimension organisationnelle) et surtout deux dimensions peu souvent évoquées, l’idéel (croyances et valeurs, représentations) et le vécu du subjectif (dimension socioaffective des interrelations).

Les données empiriques collectées proviennent d’un questionnaire, d’entretiens individuels, de productions d’écrit sur une oeuvre et de transcripts de verbalisation. Les résultats montrent que la formation se focalise essentiellement sur les méthodologies de rencontre d’une oeuvre et font apparaître un déplacement des représentations des étudiants vis-à-vis de l’art et de l’éducation artistique. En particulier, ils constatent avec surprise la prise en compte de leur propre parole (ressenti, évocation, critique) et des contenus des échanges collectifs.

Nous questionnons ici plus précisément l’émergence de la parole face à une oeuvre lors du passage du non verbal au verbal et la construction des savoirs en situation de dissensus..

Des recherches antérieures nous permettent d’établir des rapprochements entre la parole de l’artiste en situation de création et celle du spectateur en situation de réception. Le discours intérieur de l’artiste serait constitué de deux formes de pensée qui interagissent, une fable qui s’empare du sens naissant et un protocole qui organise l’action (Scherb, 2009). L’éclairage de la psycho-phénoménologie révèle la dimension pré-réfléchie et non encore conscientisée de chacune d’elles (Vermersch, 1994) et intuitive, sous la forme d’un sens ressenti avant toute mise en mots (Petitmengin, 2007).

L’observation de la dimension psychosociale de la rencontre avec une oeuvre montre que le dissensus, issu d’affirmations contradictoires mais fondées sur des indices identifiables, peut être précieux pour la construction d’un savoir artistique complexe caractérisé par sa plasticité (Lupasco, 1951, Morin, 1996).

Des points de vigilance semblent pouvoir être identifiés pour développer des postures professionnelles favorisant l’apparition d’une parole incarnée et réflexive.

André Scherb (CREAD, ESPE de Bretagne, Université Bretagne Loire).

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